Petite histoire fictive de début d’année. Je suis colocataire d’un appartement depuis environ 12 ans. Depuis ce jour où j’ai emménagé, cet appartement a vu tellement de choses, mes amis, des potes, des gens quelconques, il a aussi pu voir mes petites copines, mes humeurs, mes avis, mes opinions. Sur les murs, on y voit des photos qui retracent mon parcours de vie, des taches qui rappellent nos soirées et nos bons moments. Cet appartement, je le partage avec d’autres amis et des potes que j’ai pu choisir.
Puis, un jour, j’ai réalisé qu’il y avait un homme derrière notre rideau, qui note tout ce que l’on fait et dit, puis le communique au proprio. J’ai fait comme si de rien n’était pendant un bon bout de temps. Mes potes que j’invitais et moi-même étions conscients qu’il était là mais nous faisions exprès de l’ignorer, certainement par fainéantise.
Mais sa présence derrière ce rideau a progressivement tout changé, nous n’étions plus nous-mêmes, nous étions moins spontanés, nous faisions tous attention à ce que l’on disait, on accrochait de moins en moins de photos sur nos murs, on discutait et partageait de plus en plus rarement. On ne s’alimentait pratiquement plus que de pilules bleues.
Dans l’ascenseur, il m’arrivait d’en discuter avec d’autres voisins qui vivaient la même histoire. Certains me disaient qu’ils allaient déménager, d’autres me disaient que ce n’est pas grave, que cet homme ne fait rien de mal, qu’il faut apprendre à vivre avec. Certains voisins ont quitté cet immeuble, ils m’ont dit qu’une laisse dans le cul était pareil pour eux. J’étais plutôt de cet avis…
Un beau jour, l’homme derrière le rideau décida d’intervenir dans l’une de nos discussions en utilisant une méthode qu’aucun d’entre nous était capable de faire. Il arrivait à colorer la peau des personnes qui parlaient. Les personnes qui disaient des choses qui ne lui plaisaient pas devenaient couleur gerbe. C’est arrivé à beaucoup d’entre nous, surtout chez nos voisins de palier. Je me souviens que lorsque ma peau avait la couleur de la gerbe, c’était une sensation unique. L’homme derrière le rideau fournissait toujours son explication, comme si on l’avait invité. Des explications qui étaient en plus complètement fausses. Naturellement, je l’ai défenestré mais il n’y avait rien sur le trottoir en bas, puis il est revenu, il revenait à chaque fois. Hallucinant n’est-ce pas ? quel toupet !
Cette situation en cul-de-sac me prenait la tête, j’avais beau réfléchir, gifler le rideau, en parler à mes proches, recompiler le noyau, vider le cache, rien. Aucune solution, j’ai même essayé de contacter le proprio mais il m’a balancé un dicton bizarre du genre “Il faut protéger les moutons des loups, un peu de sacrifice de libertés pour plus de sécurité“, j’ai tout de suite senti qu’il voulait une gifle en essayant de m’endormir avec des phrases savantes.
Puis, soudainement, j’ai arrêté de zipper winzip et j’ai vu la lumière : j’ai un autre appartement dont je suis propriétaire, on peut d’ailleurs tous avoir un autre appartement et en être proprio, certes pas aussi bien, mais au moins, il n’y a pas ce mec derrière chaque rideau qui s’invite à nos soirées !
Quant à moi, je garde cet appartement en location, j’y retournerai de temps en temps pour y coller peut être des affiches de propagande ou pour y raconter du shit.
Fin de l’histoire.
2 comments On Faceplook
Et l’appart’ dont tu est proprio, c’est ici.
Exactement 🙂